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ne fera point double emploi avec celle qu’on lui a élevée sur la Rabine de Vannes. Lesage n’était point Vannetais, d’ailleurs. Il était né à Sarzeau, dans la presqu’île de Rhuys, d’une famille de robins. Son père, Claude Lesage, « notaire royal et greffier de la cour royale de Rhuys », sieur du domaine de Kerbistoul, ce qui lui permettait de se donner du noble homme sur les actes de l’état-civil, avait épousé le 20 septembre 1665 demoiselle Jeanne Brenugat, fille du procureur de la ville de Redon. Un hasard avait décidé de leur établissement : les deux conjoints, appelés à Sarzeau pour un baptême, y furent compère et commère. Tout fait penser qu’ils s’ignoraient auparavant. Ils se marièrent dans l’année. Trois ans plus tard un fils leur naissait, Allain-René, qui fut l’auteur de Gil Blas. Jeanne Brenugat mourut le 11 septembre 1677, Claude Lesage le 24 décembre 1682. Allain-René avait alors quatorze ans : orphelin de père et de mère, il fut confié aux bons soins de l’abbé Brochart, principal du collège Saint-Yves de Vannes ; il resta sur les bancs dudit collège jusqu’à sa philosophie. Mais en somme toute son enfance et une partie de son adolescence, celle où les impressions sont les plus vives, parce que notre personnalité ne leur oppose encore qu’une faible résistance, s’écoulèrent dans la presqu’île de Rhuys. Et donc c’est bien là et non à Vannes qu’il faut aller pour comprendre Lesage. Et comme on l’y comprend tout de suite ! Rhuys est un pays à part dans ce pays breton déjà si divers, si fécond en contrastes de toute sorte. Région sèche, âpre, et qui, sous un des rares ciels de véritable azur