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L’ÉTINCELLE ÉLECTRIQUE

Lavoisier ne veut plus que l’eau soit un élément ; son art la décompose. L’eau visible renferme deux principes invisibles : deux gaz, dont l’un s’enflamme, dont l’autre accélère la combustion. Ainsi l’eau, qui rafraîchit et féconde, a pour principe ce qui brûle et ce qui dévore. Lavoisier, qui le prouve, a peine à le comprendre. Mais comment refaire le corps, après en avoir compris et séparé les substances ? L’étincelle électrique les touche, les enflamme, et l’eau coule de l’incendie. Il y a de même, au fond des âmes, je ne sais quels principes souverains qui, l’un de l’autre isolés, nous consument obscurément. Que l’étincelle électrique les frappe ! Ils s’enflamment, et la pensée jaillit, lumineuse, fluide, émule des fleuves et des torrents, rivale de la foudre qui l’enfante. Qui sait ! le chaos tout entier n’était peut‑être qu’un amas confus de gaz qui se mêlaient sans s’unir : et le monde, cette pensée en relief de Dieu, est peut‑être le résultat d’un coup de tonnerre. N’y a-t-il pas là de quoi faire éclater le cerveau ?

17 janvier.