Page:Le Dantec - Lamarckiens et Darwiniens.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LES PARTICULES REPRÉSENTATIVES

hommes, puisque nous allons la retrouver, légèrement dissimulée il est vrai, chez les plus grands savants d’une époque où la structure cellulaire et l’embryologie étaient déjà admirablement connues. Il est temps de poser le problème d’une manière précise :

L’œuf fécondé construit l’homme, par son activité propre, au moyen des matériaux qui sont à sa disposition, exactement comme l’abeille construit sa ruche par son activité propre, en se servant de produits qu’elle fabrique elle-même aux dépens de substances extérieures[1]. Un œuf d’homme ne peut pas construire un chien, mais une abeille ne peut pas construire un nid de guêpe ; les ruches sont caractéristiques des espèces.

Est-ce que l’abeille ressemble à sa ruche ? Avez-vous jamais songé à trouver, dans l’abeille, la partie qui correspond à la cloison de droite de la troisième loge du deuxième rang ? Pourquoi alors voudriez-vous que l’œuf ressemblât à l’homme qu’il doit construire ? Ou, du moins, puisque le microscope permet aujourd’hui d’affirmer qu’il n’y a pas d’homunculus dans l’œuf[2], pourquoi voulez-vous que le foie, le cerveau, y soient représentés par des particules définies ? Et cependant, l’homme est déterminé dans l’œuf, c’est-à-dire que, si vous fournissez à l’œuf les matériaux nécessaires dans

  1. Il y a bien une différence entre les deux cas que je compare : c’est que la substance même de l’œuf est employée dans la confection de l’homme, tandis que l’abeille existe encore en tant qu’abeille une fois la ruche faite, mais cela n’enlève pas de sa valeur à la comparaison ; il n’y a jamais identité entre deux choses que l’on compare : il suffit que ces deux choses soient comparables au point de vue où l’on se place.
  2. Et surtout que les premières formes du développement embryonnaire ne ressemblent pas le moins du monde à un homme.