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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

La transmission de substance n’a rien à voir dans l’hérédité, en dehors des caractères purement spécifiques, communs à tous les êtres d’une même espèce et qui sont les caractères qualitatifs. L’hérédité individuelle, l’hérédité des caractères personnels des parents est uniquement la transmission des coefficients numériques. Le problème de la ressemblance entre parents se ramène donc à celui-ci : Pourquoi, dans les conditions normales, des êtres provenus des mêmes parents ont-ils des coefficients quantitatifs semblables ou analogues ?

J’ai longuement étudié la question dans un livre récent[1]. Je n’y reviens donc pas. La question des caractères acquis est d’ailleurs bien plus délicate que celle des caractères congénitaux et je veux montrer comment se pose ce problème avec le langage des coefficients quantitatifs : normalement, dans les conditions où une espèce ne varie pas, dans un milieu auquel l’espèce est complètement adaptée, il y a hérédité des caractères congénitaux, c’est-à-dire que les coefficients de l’œuf initial se retrouvent sans changement dans les coefficients des cellules sexuelles de l’être qui provient de cet œuf. Il n’en est plus de même dans un milieu auquel l’espèce considérée n’est pas adaptée ; l’être adulte, en luttant contre des conditions nouvelles d’existence, acquiert des caractères nouveaux. Il faut bien s’entendre sur la définition de cette expression : caractères acquis. Naturellement, il y a toujours des différences entre deux êtres ayant même hérédité, dès que les moindres divergences se sont produites dans l’éducation de ces deux êtres, et croire que toutes

  1. Évolution individuelle et hérédité, op. cit.