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question à laquelle on ne donnait pas de réponse. Au mystère de l’existence du monde on substituait un autre mystère équivalent, celui de l’existence de Dieu ; la difficulté n’était reculée que d’un cran.

Aujourd’hui que j’ai étudié la vie, je trouve d’autres raisons de n’être pas satisfait par la théorie théologique ; ces raisons je vais les dire brièvement, mais je ne me dissimule pas leur vanité. Je suis assez sage pour me dire, avec M. de La Palisse que, si je ne crois pas en Dieu, c’est parce que je suis athée ; c’est là la seule bonne raison que je puisse donner de mon incrédulité. Mais puisqu’après tout je suis un homme comme les autres, j’ai bien le droit, moi aussi, d’avoir des besoins d’explication et d’y satisfaire de mon mieux.

D’abord, la question « Qui a créé le monde ? » me paraît mal posée ; elle contient d’avance sa réponse, puisqu’elle suppose que quelqu’un a créé le monde : que, ce quelqu’un, on l’appelle Dieu, ou qu’on lui donne tout autre nom, cela ne m’avancera en rien, car je ne vois pas du tout la nécessité que quelqu’un ait créé le monde. Si on me demande, au contraire « quelle a été l’origine du monde ? », je répondrai humblement : « Je ne sais pas ; je ne vois même pas de raison pour que le monde ait eu une origine, un commencement. » Il paraît que cette nécessité s’impose à tous les esprits, par la comparaison avec tout ce que nous