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autant de parasites qu’on en a créés sous le prétexte du phylloxéra. C’est ainsi que le black-rot, un nouveau destructeur de la vigne, vient de traverser l’Océan pour venir ravager les vignobles et qu’un savant inspecteur général vient de faire sur place des expériences sur ce nouvel insecte…

« La France en a assez. Il faut supprimer les crédits afférents aux parasites fonctionnaires du phylloxéra, et abroger toute la réglementation qu’ils ont imaginée. »

Est-ce assez joli ?

Nous avons cité tous ces passages de la lettre de M. de Janzé pour montrer quel est l’état des esprits dans le monde de nos représentants, et quelle opinion erronée se font les journaux parisiens de la maladie qui a détruit nos vignes.

Nous passerons sur le côté scientifique de la question que l’ex-député paraît ne pas même soupçonner. Nous aurions beau jeu à le blaguer quand il appelle le black-rot un insecte. Confondre un champignon avec un insecte, un végétal avec un animal ! Il y a là de quoi rendre jaloux un cuistre de collège. Mais passons.

Ainsi donc le phylloxéra n’est qu’un pou rouge connu depuis les temps les plus reculés, et c’est sur le dos de ce pou qu’on a bâti la légende de l’insecte dévastateur de nos vignobles.

Entendez-vous bien, Monsieur Planchon, et vous, Monsieur Millardet ?

Quelle confusion pour vous, Messieurs Foëx, Pulliat, Despetit, Molines et toute la légion des travailleurs !

Qu’en pensez-vous, Madame de Fitz-James ?

N’avez-vous pas compris, vous tous qui luttez, qui passez vos veilles, qui prodiguez votre activité et votre argent, qui défendez votre terrain pied à pied, comme de bons soldats, contre l’envahissement de l’ennemi, n’avez-vous pas compris que le fléau que vous avez l’air de combattre n’existe pas ?

M. de Janzé vous le dit.


J’ai parlé plus haut du phylloxéra du chêne, en disant qu’il était gallicole ou plutôt follicole. Il y a encore à dire sur ce détail ; quoiqu’il n’ait pas été donné de suite pratique à une hypothèse qui avait éveillé l’attention de M. Sahut, il est à remarquer que les premières vignes atteintes étaient plantées sur des défrichements de chêne, tant à Roquemaure qu’au château de Lagoy, près de Saint-Martin-de-Crau ; notamment au plan de Dieu, près d’Orange, la plantation était faite sur des défrichements si peu profonds, que pour loger les ceps on dut faire les trous plus profonds que le défoncement, si bien que, pour s’étendre, les racines