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de la vie de Mahomet.

fit lui-même à ses concitoyens. Il n’eut pas le succès qu’il en attendait. Les Coréishites n’étaient pas faciles à persuader. Ils se moquèrent d’un visionnaire qui voulait être cru sur sa parole[1]. Ses disciples murmurèrent pour la première fois. Quelques-uns même, ne pouvant résister aux traits du ridicule lancés de toutes parts, doutèrent de leur prophète, et retournèrent à l’idolâtrie. Les autres étaient ébranlés ; Mahomet trouva le moyen de les raffermir dans leur croyance. Abubecr, dont le témoignage était d’un grand poids, donna de l’authenticité au voyage nocturne, en assurant qu’il y croyait, et qu’il en attestait la vérité. Ce témoignage calma les rumeurs, et laissa le temps au prophète de reprendre sur les esprits, l’empire qu’une indiscrétion avait manqué de détruire. Abubecr mérita le surnom glorieux d’Elseddik, le témoin fidèle.

Tandis qu’on disputait à la Mecque sur la vision de Mahomet, Médine retentissait de ses louanges. Le zèle des nouveaux convertis y avait fait des prosélytes. Douze fidèles en partirent, et vinrent le trouver au château d’Accaba. Ils le reconnurent pour leur chef, et lui prêtèrent serment d’obéissance et de fidélité. Ils jurèrent qu’ils ne donneraient point d’égal à Dieu, qu’ils éviteraient le vol et la fornication, qu’ils ne tueraient[2] point leurs propres enfans[3]. Ce serment fut nommé le serment des femmes,

  1. Abul-Feda.
  2. Les Arabes tuaient leurs enfans pour les soustraire à la pauvreté ; ils les immolaient aussi aux autels de leurs dieux pour les rendre propices. Mahomet abolit ces usages barbares.
  3. Ô prophète ! si des femmes fidèles viennent te demander un asile après t’avoir promis avec serment qu’elles fuiront l’idolâtrie, qu’elles ne voleront point, qu’elles éviteront la fornication, qu’elles ne tueront point leurs enfans, qu’elles ne mentiront point, et qu’elles ne te désobéiront en rien de ce qui est juste, donne-leur ta foi, et prie Dieu pour elles. Il est indulgent et miséricordieux. Le Coran, chap. 60, verset 12.