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de la vie de Mahomet.

ils livreraient au ressentiment de la nation le novateur dangereux. L’arrêt écrit sur du parchemin fut affiché dans l’intérieur de la Caaba.

Les descendans de Hashem, tant idolâtres que croyans, ne trouvant plus de sûreté au milieu de leurs concitoyens, se réfugièrent dans le château d’Abutaleb. Ils y trouvèrent un asile. Abulahab[1], fils de Motalleb, fut le seul de cette famille qui passa du côté des Coreïshites. Les Hashemites demeurèrent enfermés l’espace de trois ans. Les avenues du château d’Abutaleb étant gardées par les ennemis, les exilés étaient obligés d’aller chercher des vivres les armes à la main. Les mois sacrés, où les hostilités sont suspendues, étaient le seul temps où ils jouissaient de quelque liberté. Leur exil durait encore lorsque le bruit se répandit, en Abyssinie, que les Mecquois avaient embrassé l’islamisme. À l’instant trente-trois des fugitifs s’embarquèrent et passèrent en Arabie. À peine descendus sur le rivage, ils connurent la fausseté de cette nouvelle, et se rembarquèrent sur-le-champ. Otman, fils d’Afan, Elzobaïr, fils d’Awam, et Otman, fils de Matoun, osèrent seuls pénétrer jusqu’à la Mecque.

Les hostilités continuaient entre les deux partis. On en venait souvent aux mains avec des succès différens. Un événement imprévu suspendit les discordes civiles. Le diplôme dicté par la vengeance des Coreïshites, fut rongé par les vers. Mahomet l’apprit, et, soit qu’il eût eu part à l’événement, soit qu’il fût un effet naturel, il sut en tirer parti.

  1. Abulahab, oncle de Mahomet, fut toujours son implacable ennemi. Om Gemil, son épouse, fille d’Abusofian, partagea sa haine. Elle semait des épines dans les lieux où Mahomet devait passer. Le cent onzième chapitre du Coran les dévoue aux feux éternels. Abulahab signifie père de la flamme. Ce surnom lui fut donné par allusion au sort qui l’attendait. Son vrai nom était Abd el Ozza. Abul-Feda.