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prenez un de nous en la place de Benjamin : nous savons que vous êtes bienfaisant.

A Dieu ne plaise, répondit Joseph, que je retienne un autre que le coupable. Je serais injuste moi-même.

Désespérant de le fléchir, ils se retirèrent et tinrent conseil entre eux. Avez-vous oublié, dit l’aîné, que Jacob a reçu notre serment à la face du ciel ? Rappelez-vous ce que vous fîtes à Joseph. Je ne sortirai point d’Égypte que Jacob ne me l’ait permis, ou que Dieu n’ait manifesté sa volonté. Il est le plus équitable des juges.

Retournez à votre père et lui dites : Ton fils a volé. Nous n’attestons que ce que nous avons vu. Nous n’avons pu être garants de ce que nous ignorions.

Interroge la ville où nous étions, et les marchands avec qui nous sommes partis ; ils rendront témoignage que nous disons la vérité.

Vous avez inventé ce mensonge, leur dit Jacob. La patience est le seul remède à mes maux. Peut-être que Dieu me rendra tous mes enfans. Il est savant et sage.

Il se détourna d’eux et s’écria ! O Joseph, objet de ma douleur ! Le chagrin répandit la pâleur sur son visage. Son cœur était plein d’amertume.

Au nom de Dieu, lui représentèrent ses fils, vous ne cesserez de nous parler de Joseph que quand la mort aura terminé vos jours.

Hélas ! répondit le vieillard, je me plains de l’impuissance de ma douleur ; je porte mes pleurs devant Dieu ; il m’a donné des connaissances que vous n’avez pas.

O mes enfans ! Allez, informez-vous de Joseph et de son frère. Ne désespérez pas de la miséricorde divine. Il n’y a que les infidèles qui en désespèrent.