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les écritures, et connaissait les livres sacrés des juifs et des chrétiens. Il confirma Cadige dans son opinion, et l’assura que Mahomet serait l’apôtre des Arabes. Ce témoignage charma cette femme aimante. Elle ne put s’empêcher de le rapporter à son époux.

Elle fut la première à croire à sa mission, et à embrasser l’islamisme[1]. Mahomet ne fit point d’éclat d’abord. Il suivit pas à pas la route qu’il s’était tracée ; mais il la suivit constamment. Après la conversion de Cadige, il jeta les yeux sur Ali. C’était un des fils d’Abutaleb, son oncle. Il s’en était chargé dans un temps où la famine désolait le territoire de la Mecque. Depuis ce moment il l’élevait dans sa maison avec des soins paternels. Ayant reconnu dans son élève, un caractère impétueux, une imagination ardente, il fortifiait ses dispositions naturelles, et le rendait digne d’être le rival de ses exploits guerriers. La séduction d’un cœur où il régnait par ses bienfaits ne fut pas pénible. Ali crut à la seule parole de Mahomet, et jura de sceller de son sang sa croyance. Il n’avait alors, suivant la commune opinion, qu’onze ans[2].

Mahomet ne voulait point laisser d’incrédule dans l’intérieur de sa maison. Zaïd, fils d’Elharet, son esclave, annonçait des talens. Il se l’attacha par le lien puissant de la religion. Zaïd reconnut avec joie la mission d’un maître de qui il attendait la liberté. Il embrassa l’islamisme, et il fut affranchi.

Abubecr, citoyen puissant de la Mecque, renommé pour sa probité et ses richesses, lui parut propre à donner du poids à sa nouvelle religion. Il entreprit sa conversion. Le succès couronna ses efforts. Abubecr[3] devint zélé

  1. Le mot islamisme vient du verbe eslam. Il ne veut pas dire, comme l’a prétendu le docteur Prideaux, page 28, la religion qui sauve, mais il signifie consécration à Dieu.
  2. L’auteur du livre Elscirat.
  3. Abubecr se nommait Abd el Caaba (serviteur de la Caaba).