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mont Arafat[1]. Ce lieu est consacré à la pénitence en mémoire d’Adam et d’Ève, qui, après une séparation de cent vingt ans, s’y rencontrèrent. Dans le dernier discours qu’il prononça devant le peuple, il réforma le calendrier arabe, et ramena l’année à sa forme primitive, qui est lunaire. « Quand le Tout-Puissant, ajouta-t-il, créa les cieux et la terre, il écrivit l’année de douze mois. Ce nombre fut gravé dans le livre saint. Quatre de ces mois sont sacrés. C’est la vraie croyance. Fuyez pendant ces jours l’iniquité ; mais combattez les idolâtres en tout temps, comme ils vous combattent. Sachez que le Seigneur est avec ceux qui le craignent[2]. » À la fin de sa harangue, il dit adieu au peuple. Et l’on appela cette solennité le pèlerinage de l’adieu[3].

(Depuis la chute d’Adam, suivant Abul Feda. 6226. — Depuis la naissance de J.-C. 641. — Après l’hégire. 11. — De Mahomet. 63.)

Connaissant l’importance du culte extérieur, l’empire qu’il a sur les hommes, Mahomet en avait rempli tous les devoirs avec cette piété noble et simple qui imprime dans les esprits une haute idée de la divinité. Partout l’exemple avait accompagné le précepte. Le respect profond avec lequel il avait accompli les moindres cérémonies, avait appris au peuple à vénérer les choses saintes. De retour à Médine, il se glorifiait d’avoir donné une religion à ses semblables. Il voyait réunis sous un chef, sous une loi, les Arabes, cette nation indomptable, qui, à l’abri de ses déserts, avait bravé la puissance des Égyptiens, le faste des Perses et l’orgueil des Romains. À la tête d’un peuple nouveau, enflammé de son enthousiasme, enorgueilli de ses succès, il se préparait à combattre la lâcheté et la mollesse des Grecs. Il se flattait de rendre leur empire ou tri-

  1. Jannab, page 282.
  2. Le Coran, chap. 9, tome Ier.
  3. El Gouzi, au livre des rites du pèlerinage.