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de la vie de Mahomet.

sidait aux affaires civiles ; l’autre, chef de la religion, devait enseigner au peuple la manière de célébrer les fêtes du pèlerinage. Pendant que ces soins le retenaient, les Ansariens, fidèles compagnons de ses travaux, murmuraient entre eux. Ils appréhendaient que leur apôtre n’établît à la Mecque le siége de son empire. Ils attendaient impatiemment son retour. Chaque moment qu’il y restait leur paraissait long. Mahomet était loin de justifier leurs alarmes. Il n’ignorait pas que la présence d’un maître eût réveillé les haines mal éteintes des Coreïshites ; qu’à la Mecque il n’eût été que le premier de ses concitoyens, tandis qu’à Médine il était roi, pontife, prophète. Il se hâta de retourner au camp de Gerana, et ramena ses troupes triomphantes à Médine. La joie de tout un peuple le flatta davantage que l’aspect des fiers Coreïshites humiliés. La naissance d’un fils nommé Ibrahim, combla ses vœux. Marie l’Égyptienne, cette jeune Cophte que lui envoya Mokaukas, le mit au monde quelque temps après son arrivée[1]. Il célébra cet heureux jour dans un festin qu’il donna à ses amis.

La même année, l’Arabie perdit Hatem, un de ses poëtes les plus distingués. Il était chrétien, et seigneur d’une ville nommée Khader, située dans la province de Najd, entre les monts Ajja et Salma. Il chantait dans ses vers, la vaillance et la bienveillance, vertus dont il était le modèle. Voici l’éloge qu’en fait Elmaïdan, auteur du livre des proverbes arabes : « Hatem fut généreux, vaillant, poëte distingué et toujours victorieux. Livrait-il un combat, il en sortait couvert de lauriers. Poursuivait-il une proie, il l’atteignait. Lui demandait-on une grâce, elle était accordée. S’il jouait au jeu de hasard, le sort le favorisait. S’il disputait le prix de la course, il fournissait le premier la carrière. S’il faisait des prisonniers, il leur

  1. Jannab, p. 244. Abul-Feda, p. 120.