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peaux, se mirent en marche. Malec donna le signal, et ils furent assaillis d’une grêle de dards et de flèches. Cette attaque imprévue les déconcerta. Environnés de toutes parts, ils perdirent courage, et prirent la fuite avec tant de précipitation qu’il n’en resta pas deux ensemble. Mahomet exposé au plus grand danger qu’il eût couru de sa vie, se vit prêt à perdre en un instant le fruit de vingt années de travaux, de huit années de conquêtes. Entouré d’ennemis, presque seul au milieu des bataillons, il conserva son sang-froid et son intrépidité. Il se replia promptement vers la droite de l’armée, et s’arrêta dans un poste avantageux. Un petit nombre d’Ansariens et de Mohagériens se rassemblèrent autour de lui. Abubecr, Omar, Elabbas, et l’invincible Ali, résolurent de verser leur sang pour sa défense. Au milieu du désordre général, il criait : « Je suis Mahomet ; je suis l’apôtre de Dieu ; compagnons, où fuyez-vous ? revenez sous vos étendards. » Les ennemis, entendant sa voix, dirigèrent leurs coups de son côté. Ils pressaient vivement le petit bataillon où il faisait des prodiges de valeur. Aïman, Abdallah, fils de Zobaïr, et Ocaïl, frère d’Ali, tombèrent morts à ses côtés. Désespérant de pouvoir long-temps soutenir les assauts d’une armée victorieuse, il voulait se précipiter à travers les ennemis, et mourir glorieusement. Elabbas, voyant son dessein, se jeta à la bride de sa mule et l’arrêta. Puisque vous m’empêchez d’entrer dans la mêlée, lui dit Mahomet, rappelez mes soldats. Aussitôt, Elabbas qui avait la voix forte, cria : « Ô Musulmans ! revenez autour de votre apôtre, revenez sous vos drapeaux. » Les vallons répétèrent ces mots : les fuyards les entendirent. Ils s’arrêtèrent. Leur première terreur s’étant dissipée, ils rougirent de leur lâcheté, et accoururent en foule pour sauver leur prophète. Le combat recommença avec une nouvelle fureur. Les Hawazenites voulaient conserver leur avantage, les Musulmans effacer leur honte. Mahomet encourageait ses soldats. Considérant le choc