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de la vie de Mahomet.

sieurs bataillons de Coreïshites lui disputèrent le passage, et décochèrent leurs flèches. Khaled les attaqua l’épée à la main, les mit en fuite, et les poursuivit jusque dans les murs de la Mecque. Mahomet ayant aperçu le carnage du sommet de la montagne, s’écria : « Ciel ! que vois-je ? N’avais-je pas défendu de combattre ? » Les idolâtres, lui répondit-on, ont attaqué Khaled, et il se défend. Il lui envoya ordre d’épargner le sang[1]. Il descendit du mont Hajoun, et fit son entrée à la Mecque au moment où le soleil paraissait sur l’horison. Ali portait devant lui l’étendard de l’islamisme ; Abubecr était à sa droite, Ozaïd à sa gauche. Derrière lui marchait Osama, fils de Zaïd. Il s’inclina profondément pour remercier le ciel qui le rendait maître du territoire sacré et du sanctuaire d’Abraham. Il récita à haute voix le chapitre quarante-huitième, qui commence par ces mots : « Nous t’avons accordé une victoire éclatante. Dieu t’a pardonné tes fautes ; il a accompli ses grâces, et il te conduira dans le sentier de la justice. Sa protection est pour toi un bouclier puissant, etc. » Tandis qu’il soumettait un peuple qui n’avait jamais connu de maître, il ne paraissait occupé que d’idées religieuses. La tête ceinte d’un turban noir, le corps couvert du manteau de pèlerin, il semblait plutôt un fervent musulman que le conquérant de la Mecque. Il marcha droit au temple. Son premier soin fut de faire abattre trois cent soixante idoles placées à l’entour. Il les frappait de la canne qu’il portait à la main, en prononçant ces mots : « La vérité a paru, le mensonge va disparaître et il ne se montrera plus[2]. » Et cet autre verset : « La vérité a paru, le mensonge s’est dissipé comme une vapeur légère[3]. » Lorsque les divinités des Arabes eurent couvert la terre de

  1. Jannab, page 208.
  2. Le Coran, chap. 34, tom. 2.
  3. Idem.