Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
abrégé

abjuré la vérité qu’on leur a enseignée. Ils vous ont rejetés, vous et le prophète, du sein de leur ville, parce que vous aviez la foi. Si vous les combattez pour la défense de ma loi et pour mériter mes faveurs, devez-vous conserver de l’amitié pour eux ? Je connais ce qui est caché au fond de vos cœurs, et ce que vous produisez au grand jour. Celui qui trahira mes intérêts aura abandonné la justice[1]. »

[2] Les préparatifs étant achevés, Mahomet partit de Médine le 10 du mois Ramadan[3]. Les Mohagériens, les Ansariens, et quelques escadrons arabes, composaient une armée formidable[4]. Elle fut grossie dans sa marche par plusieurs détachemens des tribus confédérées. Le même général qui, à la journée de Beder, n’avait pu réunir que trois cent treize soldats, comptait dix mille combattans rassemblés sous l’étendard de l’islamisme. Il avait marché avec tant de promptitude et de secret, qu’il était aux portes de la Mecque avant que les Coreïshites eussent appris son départ de Médine. Il campa sur le soir à[5] Morr el Dahran, et attendit le lever du soleil pour fondre sur les idolâtres. Dix mille feux furent allumés par son ordre. Omar, établi mestre de camp, fit une garde si exacte, que toute communication fut interrompue avec les ennemis. Elabbas, touché de compassion et alarmé du sort qui menaçait sa patrie, sortit du camp pendant la nuit, cherchant quelqu’un qui pût apprendre aux Coreïshites que l’orage grondait sur leurs têtes. Il rencontra Abusofian, Hakim et Bodaïl, sortis de la ville pour prendre des informations de l’ennemi. Ayant aperçu à travers les ténèbres une multitude de feux, ils s’en retournaient

  1. Le Coran, chap. 60, verset 1.
  2. Abul-Feda, page 103.
  3. Jannab, page 202.
  4. Abul-Feda, page 104. Jannab.
  5. Morr el Dahran est situé à quatre lieues de la Mecque.