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malheureux alliés vinrent porter leurs plaintes à l’apôtre des croyans. Il leur promit son assistance.

Les Coreïshites, en fournissant des troupes contre les Cozaïtes, avaient violé le traité d’Hodaïbia. Ils ne tardèrent pas à sentir l’inconséquence de cette conduite. Pour en prévenir les suites, ils députèrent Abusofian à la Mecque, avec ordre d’offrir toutes les satisfactions imaginables : démarche inutile. Charmé de trouver une occasion si favorable à ses desseins, Mahomet voulait en profiter. Sous prétexte de venger la cause de ses alliés, il avait juré dans son cœur d’abaisser l’orgueil des idolâtres, et de se rendre maître de la Mecque. Abusofian, en arrivant à Médine, descendit chez Omm Habiba, sa fille, épouse de Mahomet. Il la pria d’intercéder pour lui ; mais ayant voulu s’asseoir sur son lit[1], elle le plia promptement. « Ô ma fille ! lui dit-il, préférez-vous ce lit à votre père ? » « C’est la couche de l’apôtre de Dieu, répondit Omm Habiba, et vous êtes idolâtre. » Abusofian, indigné, sortit en maudissant sa fille. Il entra dans l’appartement du prophète, et après l’avoir complimenté, lui parla de négociation. Il ne put en obtenir une parole[2]. Ce silence obstiné lui fit sentir la grandeur du mal. Il chercha des médiateurs. Abubecr et Ali, sollicités de parler en sa faveur, refusèrent de l’entendre. L’ambassadeur humilié retourna à la Mecque, et rendit compte du mauvais succès de sa mission.

Tandis que les Coreïshites, incertains, délibéraient sur le parti qu’il fallait prendre, Mahomet faisait de grands préparatifs. Ses confédérés étaient avertis de se rendre à Médine. Tous les Musulmans devaient prendre les armes. Résolu de

  1. Les Arabes n’ont ni chaises ni fauteuils dans leurs appartemens. Un sopha qui règne à l’entour forme leurs siéges. Le soir ils y étendent des matelas qui leur servent de lits. On les plie le matin, et la chambre à coucher devient salon de compagnie.
  2. Abul-Feda, page 102 et 103.