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de la vie de Mahomet.

et les vastes déserts de l’Arabie. Après des fatigues incroyables ils vinrent camper près de Mouta. À la nouvelle de leur approche les ennemis s’étaient rassemblés. Une armée de cent mille hommes était prête à fondre sur eux. On tint conseil. Le plus grand nombre était d’avis d’éviter le combat, et de dépêcher un courrier au prophète pour lui demander du secours[1]. Ce conseil timide déplut à Abdallah. Il se leva au milieu de l’assemblée, et dit : « compagnons, marchons contre les infidèles. Ouvrons-nous un passage à travers leurs bataillons. Il ne peut nous arriver que cette alternative, ou le martyre ou la victoire. » Ce sentiment prévalut. On se prépara au combat. Les croyans ne formaient qu’un corps de trois mille hommes ; mais chacun d’eux était endurci au métier des armes. Sept années de triomphes avaient élevé leurs âmes. À force de vaincre, ils étaient devenus invincibles. Cent mille hommes ne les effrayèrent point. Ils livrèrent la bataille. Elle fut longue et sanglante. Zaïd qui combattait dans les premiers rangs tomba couvert de blessures. Jafar releva l’étendard, et soutint la gloire du nom musulman. Un soldat lui ayant abattu la main qui le portait, il le prit de l’autre ; elle fut coupée. Il le serra entre ses bras jusqu’au moment où il tomba dessus percé de coups. Abdallah saisit l’étendard ensanglanté, et fit des prodiges de valeur pour empêcher les ennemis de s’en emparer. Il succomba sous le nombre comme les deux premiers généraux. Les Musulmans prenaient la fuite. Khaled accourut, releva l’étendard de l’islamisme, et rappela à l’entour les plus braves guerriers. Le combat recommença avec une nouvelle fureur. Khaled faisant un dernier effort, enfonça les bataillons ennemis, perça le centre de l’armée, et la mit en fuite. La nuit seule l’empêcha de poursuivre sa gloire. Élu général d’une voix unanime, il campa sur le champ de bataille. Avant le lever du soleil ses trou-

  1. Jannab, page 190.