Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vj
préface.

Le Coran fut publié dans l’espace de vingt-trois ans, partie à la Mecque, partie à Médine, et suivant que le législateur avait besoin de faire parler le ciel. Les versets furent écrits par ses secrétaires sur des feuilles de palmier, et sur du parchemin. Aussitôt qu’ils étaient révélés, ses disciples les apprenaient par cœur, et on les déposait dans un coffre ou ils restaient confondus. Après la mort de Mahomet, Abubecr les recueillit en un seul volume. Idolâtre de son maître, regardant comme divin tout ce qu’il avait enseigné, il ne s’attacha point à donner au Coran l’ordre dont il était susceptible, en arrangeant les chapitres suivant la date des temps où ils avaient paru ; il plaça les plus longs à la tête du recueil, et ainsi de suite. Celui qu’Ali lut dans l’assemblée du peuple, après la prise de la Mecque, étant le dernier que Mahomet ait publié, devrait terminer le volume ; il se trouve le neuvième. Les premiers versets qui ont été révélés à l’apôtre des Mahométans, ceux qui devraient commencer le Coran se trouve à la tête du quatre-vingt-seizième chapitre.

Ce bouleversement, dans un ouvrage qui est un recueil de préceptes donnés dans différents temps, et dont les premiers sont souvent abrogés par les suivans, y a jeté la plus grande confusion. On ne doit donc y chercher ni ordre, ni suite ; mais le philosophe y verra les moyens qu’un homme, appuyé sur son seul génie, a employés pour triompher de l’attachement des Arabes à l’idolâtrie, et pour leur donner un culte et des lois ; il y verra parmi beau-