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de la vie de Mahomet.

de joie ? » Quelque temps auparavant il avait écrit au roi d’Abyssinie, pour le prier de renvoyer les transfuges, et de le marier avec Omm habiba, fille d’Abusofian. C’était un trait de politique. Il espérait que cette alliance désarmerait son plus redoutable ennemi. Le prince, environné de sa cour, fit lui-même la cérémonie des fiançailles[1]. Ayant fait approcher de son trône Omm habiba et Khaleb, fils de Laïd, cousin de Mahomet, il prononça ce discours : « Louange à Dieu ! roi, saint, sauveur, fidèle, véritable, puissant et grand. J’atteste qu’il n’y a qu’un Dieu, et que Mahomet est son envoyé. L’apôtre de Dieu m’a écrit pour me demander en mariage Omm habiba. J’accomplis avec joie ses désirs, et je donne pour dot à la nouvelle épouse quatre cents écus d’or. » Il compta la somme en présence du peuple, et ajouta des présens dignes de la magnificence royale, destinés pour Mahomet. Il les reçut des mains de Jafar, et consomma son mariage avec la fille d’Abusofian. Ayant proposé à ses soldats d’admettre les fugitifs au partage des dépouilles enlevées sur les Juifs, sa proposition fut reçue avec applaudissement. Ces malheureux trouvèrent dans la générosité des fidèles un dédommagement des biens qu’ils avaient abandonnés pour conserver leur religion.

Mahomet ayant subjugué une partie des Arabes et anéanti la nation juive, manifesta ses vues ambitieuses[2]. Respecté comme prophète, obéi comme général, il voulut essayer sa puissance, et envoyer des ambassadeurs aux rois. Pour cet effet il fit graver un sceau avec cette légende :

MAHOMET,
apôtre
de dieu.
  1. Abd el Baki, Histoire d’Éthiopie, 2e. partie, chap. 3.
  2. Abul-Feda, p. 92.