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ABRÉGÉ

homet, si je mettais à mort mes compagnons d’armes ? » Le fils d’Abdallah, fervent musulman, lui dit : « O prophète ! mon père t’a insulté ; commande, et je vais t’apporter sa tête. » « Bien loin de répandre son sang, lui répondit Mahomet, montre-lui le respect et la tendresse filiale que tu dois à un père. » Cette générosité, dictée par la prudence, calma les esprits. Abdallah reconnut son emportement, et le désavoua. Lorsque l’armée retournait à Médine, Aïesha, épouse chérie de Mahomet, fut accusée d’avoir commis un adultère avec Sawan, jeune officier qui commandait l’arrière-garde[1]. Elle raconte son histoire en ces mots : « Toutes les fois que le prophète entreprenait une expédition, il jetait le sort, et celle de ses femmes qui en était favorisée, l’accompagnait pendant le voyage. Aussi, lorsqu’on nous annonçait une guerre nouvelle, nos cœurs tressaillaient de crainte et d’espérance. Le sort s’était déclaré en ma faveur. L’apôtre de Dieu me couvrit d’un voile. Je partis. Un pavillon placé sur un chameau, me servait de voiture. L’expédition étant terminée, le signal du départ ayant été donné, l’armée se mit en marche vers Médine. Des besoins m’ayant forcée à descendre, j’attendais pour remonter que les troupes eussent défilé. Je m’aperçus que j’avais perdu mon collier, et je retournai sur mes pas. Pendant que je cherchais avec inquiétude, quelques soldats passant auprès de ma litière, la remontèrent sur le chameau. Ils ne furent point étonnés de sa légèreté. Il l’attribuèrent au soin que les femmes ont de ne pas se charger de mets dans de semblables voyages, et à ma grande jeunesse (Aïesha n’avait pas quinze ans). N’ayant donc pu soupçonner mon absence, ils partirent. Mes recherches avaient été heureuses. Mon


  1. Elbokar, dans la Sonna, ou Recueil des traditions authentiques.