Page:Le Coran (Traduction de Savary, vol. 1), 1821.pdf/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
ABRÉGÉ

le naturel bouillant des Arabes, les scènes d’horreur produites par l’ivresse dont il avait été témoin, lui firent promulguer cette loi : « O croyans ! le vin, les jeux de hasard, les statues et le sort des flèches, sont une abomination inventée par Satan. Abstenez-vous-en, de peur que vous ne deveniez pervers[1]. »

« Le démon se servirait du vin et du jeu pour allumer parmi vous le feu des dissensions, et vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Voudriez-vous devenir prévaricateurs ? Obéissez à Dieu et à son apôtre, et craignez[2]. »

[3] Tour à tour général d’armée et législateur, il faisait succéder aux soins paisibles du gouvernement, le tumulte des armes. La trahison des habitans de la province de Najd pesait sur son cœur. Le moment de la vengeance était venu. Il part subitement de Médine, et va tomber brusquement sur un parti de Gatfanites. Surpris de cette attaque imprévue, les ennemis prirent la fuite, et se sauvèrent dans les montagnes. La vallée où il les rencontra, appelée dans la suite Zat-el-Reca (le lieu de l’infatuation), a transmis à la race future le souvenir de cette terreur panique. Durant cette expédition, un brave d’entre les Gatfanites offrit à sa nation de lui apporter la tête de l’ennemi commun. On applaudit à son dessein ; on l’encouragea. Il partit. Ayant épié le moment où Mahomet, fatigué, était assis à quelque distance de son armée, il s’approcha de lui sans armes. L’épée du guerrier reposait à ses côtés[4]. La poignée était d’argent artistement travaillé[5]. Le Gatfanite lui demande la permission de la voir. L’ayant


  1. Le Coran, tom. Ier.
  2. Idem.
  3. Abul-Feda, p. 72.
  4. Abul-Feda, p. 73.
  5. Jannab, p. 119.