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ABRÉGÉ

assemblés, on le conduisit hors du territoire sacré pour l’immoler. Parvenu au lieu du supplice, il demanda un instant pour prier ; on le lui accorda. Il fit une courte prière ; avec deux, inclinations, et dit : « J’en aurais fait davantage, mais vous auriez pu attribuer ma ferveur à la crainte de la mort ; frappez. » Ainsi mourut le dernier des six apôtres de l’islamisme, accordés aux instances des habitans de Cara.

Leur perfidie avait rendu Mahomet défiant[1]. Amer, fils de Malec, lui ayant proposé d’envoyer de ses disciples aux peuples de la province de Najd, il le refusa. L’autorité d’Abubecr put seule le déterminer. Ce musulman zélé, trompé par Amer, osa garantir sa sincérité. Mahomet ne pouvant résister à son témoignage, fit partir Elmondar, ansarien, avec soixante-dix fidèles. Arrivés à Birmauna (le puits du secours), Elmondar envoya les lettres du prophète à Amer, prince de la contrée. Cet ennemi de l’islamisme fit tuer le messager, rassembla des troupes, surprit les croyans et les extermina. Caab, fils de Zaïd, qu’on avait laissé parmi les morts, échappa seul, et alla porter à Médine la nouvelle de cette perfidie. Mahomet en fut pénétré de douleur ; mais il remit à un autre temps la vengeance.

[2] Au mois de rabié premier, les Nadhirites, tribu puissante des juifs, lui demandèrent le prix du sang de deux hommes qu’Amrou avait tués en passant sur leurs terres. Il écouta leurs plaintes, et satisfit à la loi. Pour cimenter la réconciliation, les Nadhirites l’invitèrent à dîner à une de leurs maisons de campagne. Mahomet s’y rendit accompagné d’Abubecr, Omar, Ali, et de quelques autres officiers[3]. C’était un piége qu’on tendait à


  1. Abul-Feda, ch. 35, p. 70.
  2. Abul-Feda, p. 71.
  3. Abu-Seïd, au livre Elanouar.