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ABRÉGÉ

conclusion de ce mariage, je me charge de la payer. »

Ce discours prononcé, Abutaleb unit les deux époux, et donna vingt chameaux pour la dot de Cadige. On prépara ensuite le festin nuptial, et, pour augmenter la joie des convives, la nouvelle épouse fit[1] danser ses filles esclaves au son des timbales. Pendant ce temps Mahomet s’entretenait avec ses parens.

Il n’était âgé que de vingt-cinq ans[2]. Elle en avait quarante. Elle fut la première à croire à sa mission, et vécut encore dix ans après cette époque.


  1. Les Égyptiens célèbrent leurs mariages à peu près de la même manière. Le jour fixé pour la cérémonie, les amies et les parentes de la nouvelle épouse vont la prendre à la maison paternelle, et la conduisent en pompe à celle du mari. Le cortége est précédé de musiciens et de danseuses. La mariée, couverte d’or et de diamans, s’avance à pas lents sous un dais magnifique. Elle est voilée ainsi que ses compagnes. Lorsque le cortége est arrivé à la maison du mari, les femmes se retirent dans l’appartement d’en haut, d’où elles voient les hommes à travers des jalousies. Après le festin, les convives, assis en rond sur des sophas, conversent gravement, fument, écoutent de la musique, et s’amusent à voir danser de jeunes filles qui saisissent avec une souplesse étonnante, les attitudes les plus voluptueuses, les postures les plus lascives. De temps en temps, les femmes font entendre leur cri d’allégresse. Les Almé (c’est-à-dire les filles savantes), chantent des vers à la louange des nouveaux époux, et des hymnes à l’amour. On se sépare, et le bon musulman voit, pour la première fois, le visage de son épouse.
  2. Maracci, vie de Mahomet, page 15, assure que Cadige mourut à quarante-neuf ans, et que Mahomet en avait alors quarante-trois. Le témoignage de tous les historiens détruit cette assertion. Voyez Jannab, Elcoda, Abul-Feda.