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DE LA VIE DE MAHOMET.

compagna pendant le voyage. Il vendit les marchandises qui lui avaient été confiées, fit des échanges avantageux, et revint chez Cadige chargé de richesses. La réputation de Mahomet l’avait prévenue en sa faveur. Son absence lui avait paru longue. Le succès de son entreprise la combla de joie. Elle sentit son cœur entièrement porté pour lui, (c’est l’expression d’Abul-Feda).

Loin de combattre un penchant légitime, elle s’y livra toute entière, et offrit sa main à celui qui l’avait fait naître. Mahomet accepta cette faveur avec reconnaissance. Abutaleb, accompagné des principaux coreïshites, fit la célébration du mariage. Il prononça cette formule qui mérite d’être rapportée parce qu’elle sert à faire connaître les mœurs des anciens Arabes.

« Louange à Dieu qui nous a fait naître de la postérité d’Abraham et d’Ismaël[1] ! Louange à Dieu qui nous a donné pour héritage le territoire sacré, qui nous a établis les gardiens de la maison du pèlerinage et les juges des hommes ! Mahammed, fils d’Abdallah, mon neveu, est privé des biens de la fortune, de ces biens qui ne sont qu’une ombre passagère, et un dépôt qu’on rendra tôt ou tard ; mais il l’emporte sur tous les coreïshites, en beauté, en vertu, en intelligence, en gloire, et en pénétration d’esprit. Mahammed, dis-je, mon neveu étant amoureux de Cadige, et Cadige amoureuse de lui, je déclare que, quelle que soit la dot[2] nécessaire pour la


  1. Ebn-Hadoum, septième partie du livre Tedhcarah des matières curieuses.
  2. Les Arabes n’épousaient point de femme sans lui assigner une dot dont elle jouissait en cas de répudiation. Cet usage, sagement établi dans un pays où la polygamie régna de tout temps, a été confirmé par plusieurs versets du Coran, et est devenu loi parmi les mahométans.