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DE LA VIE DE MAHOMET.

d’abandonner sa religion. Tandis que le brave Ali remplissait les fonctions de son apostolat guerrier, Mahomet ne demeurait pas oisif à Médine. Occupé à recevoir les ambassadeurs des têtes couronnées, à envoyer ses lieutenans dans les provinces conquises, à exécuter par ses généraux des expéditions nécessaires à sa grandeur, et à lier ensemble les membres épars de cette grande monarchie, dont la force combinée devait subjuguer une partie du monde, il paraissait aussi grand dans les soins paisibles du gouvernement qu’à la tête des armées. Voyant sa puissance établie sur une base inébranlable, il se disposa à faire le pèlerinage de la Mecque d’une manière plus solennelle. Cette cérémonie, dont l’antiquité remonte au temps d’Ismaël, avait toujours été pratiquée depuis par les Arabes ; mais l’idolâtrie l’avait changée en un culte superstitieux. Mahomet, à qui il importait de la conserver, retrancha les abus, et en fit le cinquième article fondamental de sa religion. Le Coran[1] la prescrit en ces mots : « Accomplissez le pèlerinage de la Mecque, et la visite du temple en l’honneur de Dieu. » Le bruit s’étant répandu qu’il devait présider à la solennité, un concours prodigieux de peuples se rendit à Médine. Il en partit le 25 du mois d’Elcaada, accompagné de quatre-vingt-dix mille pèlerins, et suivi d’un grand nombre de victimes ornées de fleurs et de banderolles[2]. On alla camper à d’Elholaïfa. Ce bourg, dont nous avons déjà parlé, a un hospice pour les voyageurs. Ali y possédait un puits renommé pour la salubrité de son eau. Il avait fait bâtir une maison auprès. Le prophète y passa la nuit. Le lendemain au lever de l’aurore, il entra dans la mosquée et y pria. Lorsqu’il eut rempli cet acte religieux, il monta sur une chamelle nommée El-


  1. Chap. 2, tome Ier.
  2. Jaber, fils d’Abdallah, qui était du pèlerinage, le décrit ainsi.