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DE LA VIE DE MAHOMET.

nellement. Désirant d’attirer chez eux le concours des peuples, ils sollicitèrent un pareil honneur[1]. Le prophète était prêt à le leur accorder, lorsqu’il apprit qu’Abu Amrou devait être le pontife de ce temple. Ce moine fervent, voulant s’attirer la vénération des peuples, marchait toujours couvert d’un cilice[2]. Le zèle du christianisme, la haine qu’il portait à Mahomet, le déterminèrent à partir pour Constantinople. Il demanda des troupes à Héraclius pour combattre l’ennemi de sa religion ; mais l’empereur refusa de lui accorder sa demande. Voici le tableau que le Coran nous offre de ce temple : « Ceux qui ont bâti un temple, séjour du crime et de l’infidélité, sujet de discorde entre les fidèles, lieu où ceux qui ont porté les armes contre Dieu et son ministre dressent leurs embûches, jurent que leur intention est pure ; mais le Tout-Puissant est témoin de leur mensonge. Garde-toi d’y entrer. Le vrai temple a sa base établie sur la piété[3]. » La défense était formelle. Mahomet envoya des troupes qui renversèrent le temple[4] des Ganamites.

De retour à Médine au mois Ramadan, il punit sévèrement les trois Ansariens qui avaient refusé de se rendre sous ses drapeaux. Ils furent bannis de la société, privés de tous leurs droits. Il fut défendu d’entretenir aucun commerce avec eux, même de leur parler. On fuyait leur approche avec horreur. Ce châtiment terrible dura cinquante jours. Lorsqu’il les crut assez punis, il fit descendre du ciel ce verset qui annonce leur crime, leur punition et leur pardon. « Trois d’entre eux étaient restés derrière.


  1. Gelaleddin.
  2. C’est ainsi que les auteurs arabes nous peignent Abu Amrou. C’était sans doute un de ces religieux zélés qui faisaient tous leurs efforts pour soutenir en Arabie le christianisme chancelant.
  3. Chap. 9, verset 18.
  4. Le temple dont Mahomet avait fait la dédicace à Coba, se nommait Eltacoua (la piété). Voyez première année de l’hégire.