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DE LA VIE DE MAHOMET.

Il fit ôter ses liens, lui rendit la liberté, la combla de présens, et la renvoya à son frère. Adi fut si touché de cette générosité, qu’il partit pour Médine et embrassa l’islamisme.

( Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6124. — Depuis la naissance de J.-C. 639. — Avant l’hégire. 9. — De Mahomet. 61. )

La neuvième année de l’hégire fut célèbre par le concours des ambassadeurs, qui vinrent s’humilier devant le prophète de l’islamisme. La plupart des princes arabes, avaient jusqu’alors été simples spectateurs des combats livrés entre la Mecque et Médine. Ils attendaient pour se déclarer, l’arrêt de la victoire[1]. Lorsqu’elle eut prononcé ; lorsque les Coreïshites, respectés comme les dépositaires de la religion et les gardiens, du territoire sacré, eurent courbé leur front sous la loi du mahométisme, les idolâtres vinrent en foule rendre hommage au vainqueur, et lui prêtèrent serment de fidélité. Cette prophétie s’accomplit : « Lorsque Dieu enverra son secours et la victoire, vous verrez les hommes embrasser à l’envi l’islamisme[2]. » Mahomet fit un accueil favorable aux envoyés des peuples. Il les traita chacun suivant sa dignité, et les renvoya avec de riches présens. Un des principaux fut Moseïlama, prince d’Yemama, ville qui a donné son nom à la province dont elle est capitale. Il se fit musulman et prêta serment de fidélité. A peine fut-il de retour dans ses états, qu’il apostasia. Souverain d’une grande ville, honoré parmi ses sujets, il crut pouvoir jouer avec succès le rôle de prophète. Il se mit à prêcher. Un nombre de partisans assez considérable s’étant rangés sous ses drapeaux, il se regarda comme l’égal de Mahomet, et lui écrivit en ces mots : « Moseïlama, apôtre de Dieu, à Mahomet, apôtre de Dieu, salut. Que la moitié de la terre soit à toi, et l’autre moitié à moi. » Trop bien affermi


  1. Abul-Feda, p. 121. Jannab, p. 345.
  2. Le Coran, chap. 110, tome 2.