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ABRÉGÉ

demander les captifs de leur nation. Avant de les leur rendre, Mahomet assembla ses soldats, et leur fit cette courte harangue : « O Musulmans, vos frères sont venus vers vous, conduits par le repentir[1]. Ils m’ont conjuré de rendre la liberté à leurs pères, leurs mères, leurs enfans. » Je n’ai pu résister à leurs instances. Je serais charmé que vous approuvassiez ma conduite ; mais si quelqu’un de vous se croit lésé, qu’il parle ; je promets de le dédommager à la première rencontre où le ciel nous accordera de nouvelles dépouilles. » O prophète! s’écrièrent le plus grand nombre, nous approuvons ce que vous avez fait. L’acclamation n’ayant pas été générale, il ordonna aux tribuns de recueillir les voix de chaque soldat, et de lui faire leur rapport. Ils l’assurèrent que toute l’armée avait approuvé sa générosité. La certitude d’un consentement unanime lui fit convoquer une nouvelle assemblée. Les députés des Hawazenites y ayant été introduits, il leur dit : « Tous les captifs qui sont tombés en partage à moi et aux enfans d’Abd Elmotalleb, sont à vous. » Les Mohagériens et les Ansariens dirent : « Tous ceux qui nous sont échus appartiennent à l’apôtre de Dieu. A l’instant les six mille prisonniers furent rendus aux Hawazenites. Un trait de munificence fit oublier aux croyans le sacrifice qu’ils venaient de faire. Il leur céda la cinquième portion du butin qui lui était due par droit de conquête. Avant de congédier les députés, il leur fit entendre que si Malec, leur général, venait embrasser l’islamisme, il lui rendrait sa famille, ses richesses, et qu’il ajouterait à ces bienfaits un présent de cent chameaux. Attiré par ces flatteuses promesses, le prince se rendit au camp de Gerana, et se fit musulman. Son attente ne fut point trompée. Flatté de l’accueil qu’il reçut, charmé d’avoir recouvert ce qu’il avait de plus cher au monde, Malec épousa avec chaleur les


  1. Elbokar.