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DE LA VIE DE MAHOMET.

tous les esclaves qui se rendraient à son camp. Les assiégés firent si bonne garde, qu’il ne s’en échappa que vingt-trois. Ils furent déclarés libres. La ruse et la force devenant inutiles, Omar, par l’ordre du général, commanda aux troupes de plier bagage. Un murmure universel s’éleva. Hé quoi ! disaient les Musulmans, quitterons-nous prise avant que Taïef nous ait ouvert ses portes ? Témoin du mécontentement de l’armée, Mahomet fit publier l’assaut pour le lendemain. Les soldats, satisfaits, s’y portèrent avec ardeur. Ils gagnèrent la brèche l’épée à la main, et combattirent en désespérés sur les débris de la muraille ; mais les assiégés, retranchés dans un poste avantageux, présentant un front hérissé de lances et d’épées, tandis que leurs archers faisaient pleuvoir une grêle de dards et de flèches, formèrent derrière leurs murs renversés, un rempart impénétrable. Après des efforts inouïs, les assiégeans ayant perdu beaucoup de monde, voyant la plupart de leurs officiers blessés, furent obligés de se retirer. Mahomet fit donner une seconde fois l’ordre du départ, et personne ne murmura[1]. L’armée s’étant mise en marche, s’arrêta à Gerana, bourg situé entre Taïef et la Mecque[2]. C’était le dépôt de toutes les dépouilles enlevées à la bataille d’Hanein et d’Autas. On en fit le dénombrement. Il se trouva six mille captifs, hommes, femmes et enfans, vingt-quatre mille chameaux, quarante mille moutons et quatre mille onces d’argent. Les Hawazenites ne tardèrent pas à envoyer des députés au camp de Gerana. Mahomet se leva à leur arrivée, et leur fit un accueil gracieux. Ils embrassèrent l’islamisme, et le prièrent de leur rendre leurs prisonniers et leurs biens. « Mes soldats, leur dit-il, ne consentiraient jamais à vous accorder votre demande en entier ; choisissez de l’un ou de l’autre. » Ils retournèrent vers leurs compatriotes, et revinrent dix jours après


  1. Abul-Feda, p. 120.
  2. Jarinab, p. 238.