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DE LA VIE DE MAHOMET.

droit de réduire tous les habitans en esclavage. S’étant donc tourné vers l’assemblée, il leur dit : « Qu’attendez-vous de moi ? Comment prétendez-vous que je vous traite ? » Comme un frère généreux, lui répondit-on. — Allez : vous êtes affranchis ; reprenez votre liberté.

Le même jour Mahomet fit usage du pouvoir que lui donnait l’emploi de chef suprême de la religion[1]. L’heure de midi étant venue, il ordonna à Belal, son crieur, de monter sur la Caaba et de proclamer la prière. La charge importante d’intendant du temple était sollicitée par Elabbas. Othman, le même qui était venu embrasser l’islamisme à Médine, la possédait. Mahomet l’obligea de lui remettre les clefs, et allait en gratifier son oncle ; le mécontentement d’Othman l’arrêta. Sentant combien il lui importait de gagner les principaux chefs des Coreïshites, il lui renvoya les clefs. Pour consoler Elabbas, il le mit en possession du gobelet avec lequel les pèlerins boivent l’eau du puits de Zemzem. La famille d’Elabbas possède encore aujourd’hui ce monument antique conservé avec un respect religieux[2]. Un acte qui assurait la puissance de Mahomet, termina ce jour glorieux. Tous les habitans de la Mecque vinrent lui prêter serment d’obéissance. L’inauguration se fit sur la colline Elsafa. Il était assis sur une éminence, entouré de ses officiers. Les citoyens s’étant avancés, il leur promit serment de fidélité. Ils jurèrent entre les mains d’Omar qu’ils lui seraient fidèles et obéissans jusqu’à la mort. Les femmes se présentèrent ensuite, et il reçut lui-même leur serment. Parmi les dames coréïshites se trouvait Henda, l’épouse d’Abusofian, la même qui, au combat d’Ahed, avait dévoré le cœur de Hamza[3]. Elle était déguisée. Mahomet, qui l’avait pro-


  1. Jannab, page 213.
  2. Idem, page 214.
  3. Abul-Feda, p. 110.