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ABRÉGÉ

parfaite sécurité. Il ignorait le sort qui l’attendait. Amrou, fils de Shoraïl, gouverneur de la ville pour l’empereur Héraclius, le surprit au sein de la paix, et l’assassina. C’est le seul des ambassadeurs de Mahomet qui ait été tué. Résolu de venger sa mort, il arma trois mille hommes, et leur ordonna de s’avancer jusqu’à Mouta, ville de Syrie, située vis-à-vis d’Elcarac[1], d’inviter les habitans à se soumettre à l’islamisme, et sur leur refus, de porter le fer et la flamme au sein de leurs foyers. Ce fut la première fois que les Arabes prirent les armes contre les Grecs. Cette étincelle produisit un vaste incendie qui, pendant huit cents ans, embrasa l’Orient. Depuis cet instant le flambeau de la guerre ne cessa presque d’être allumé entre les deux nations, jusqu’au temps où les Ottomans conduits par Mahomet II s’emparèrent de Constantinople[2].

Mahomet donna le commandement de l’armée à Zaïd son fils adoptif, et déclara en présence de ses soldats que, s’ils perdaient leur général, Jafar, fils d’Abutaleb, le remplacerait, et que s’il était tué, ils éliraient à sa place Abdallah, fils de Rowaha. Les Musulmans se mirent en marche sous les ordres de Zaïd[3]. Animés par la vengeance, ils traversèrent courageusement les sables brûlans


  1. Ce château fut nommé, par les Français, Crac de Mont-Réal. Il est situé au delà du Jourdain. Ils s’en rendirent maîtres après la prise de Jérusalem, en 1098 (l’an quatre cent quatre-vingt-douze de l’hégire). Quatre-vingt-neuf ans après, le grand Salah-Eddin ayant battu l’armée française près du lac de Tiberiade, reprit ce château avec plusieurs autres forteresses. Ce fut dans cette bataille que Régui (Lusignan, roi de Jérusalem), son frère Haimar, le seigneur du Mont (de Mont-Ferrat), Geoffroi, le prince Renaud, seigneur du château de Carac, furent faits prisonniers. Elmacin.
  2. Ils s’en emparèrent en 1453, l’an 857 de l’hégire.
  3. Jannab.