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DE LA VIE DE MAHOMET.

vice-roi d’Égypte pour l’empereur Héraclius. Ce gouverneur avait pris le titre de prince des Cophtes[1]. Appui secret de la secte des jacobistes, il haïssait les Grecs qui l’empêchaient de professer publiquement sa croyance. Profitant du désordre des guerres que son empereur eut à soutenir contre les Perses, il retint les tributs qu’il était chargé de faire passer à Constantinople. Craignant déjà pour sa tête, il ne voulut pas s’attirer un nouvel ennemi. Il reçut avec honneur l’ambassadeur de Mahomet, lut sa lettre, et lui fit cette réponse :

A Mahomet, fils d’Abdallah, Mokaukas, prince des Cophtes, salut.

« J’ai lu la lettre par laquelle vous m’invitez à embrasser l’islamisme[2]. Cette démarche mérite des réflexions. Je savais qu’il paraîtrait encore un prophète ; mais je croyais qu’il devait sortir de Syrie. Quoi qu’il en soit, j’ai reçu avec distinction votre ambassadeur. Il vous présentera de ma part deux jeunes filles cophtes d’une noble extraction. J’ai joint à ce présent une mule blanche, un âne[3] d’un gris argenté, des habits de lin d’Égypte, du miel excellent et du beurre. »

Quelque temps auparavant, Mahomet avait chargé Amrou, fils d’Omaïa, son ambassadeur auprès du roi d’Abyssinie, de lui remettre la lettre suivante :

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.
Mahomet, apôtre de Dieu, à Najashi Ashama, empereur d’Abyssinie, salut.

« Gloire à Dieu ! au Dieu, unique, saint, pacifique, fi-


  1. Ebn Patrik. Eutrichès, t. 2, p. 302.
  2. Ahmedben Joseph, Histoire générale, sect. 54, ch. 11.
  3. Les ânes d’Égypte sont renommés pour leur force et leur vitesse. On les exerce de bonne heure à la course. Ils vont le trot et le galop comme des chevaux. C’est la monture ordinaire du peuple. Il y en a qui se vendent six cents livres.