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ABRÉGÉ

titre. Si je vous reconnaissais pour l’apôtre de Dieu, je ne porterais pas les armes contre vous. Souffrez qu’on écrive simplement votre nom et celui de votre père. Mahomet céda. Ces contestations finies, il dit à Ali d’écrire : Telles sont les conditions auxquelles[1] Mahammed, fils d’Abdallah fait la paix avec Sohaïl, fils d’Amrou.

I. Une trêve de dix ans sera fidèlement observée entre les Musulmans et les Coreïshites.

II. Les tribus arabes seront libres de se ranger du parti de Mahomet ou de celui des Mecquois[2].

III. Mahomet et les siens quitteront le territoire sacré cette année même.

IV. Les Musulmans pourront, l’année prochaine, visiter les lieux saints au mois d’Elcaada.

V. Ils entreront à la Mecque sans autres armes que leurs épées dans le fourreau.

VI. Ils n’y séjourneront que trois jours, et ne forceront aucun citoyen d’en sortir contre sa volonté.

Ce traité, juré solennellement par les plénipotentiaires, fut ratifié par les mahométans et les idolâtres[3]. Les soldats du prophète qui, fondés sur une révélation, avaient cru marcher à un triomphe, furent pénétrés de douleur à


  1. Mahomet ayant dit à Ali d’effacer apôtre de Dieu, Ali jura qu’il ne commettrait jamais une semblable profanation (*). Mahomet, prenant la plume, raya ces mots, et écrivit à leur place : Mahammed, fils d’Abdallah. Il oublia dans ce moment qu’il ne savait ni lire ni écrire, et cet oubli fut un miracle. L’ignorance qu’il affectait était un voile dont il s’enveloppait, afin de donner à son livre un caractère divin. Il est bien probable que pendant les quinze années passées dans la solitude et la retraite, il avait acquis les connaissances nécessaires à ses desseins.

    (*) Abul-Feda, p. 87. Jannab.

  2. Abul-Faraj, Histoire des dynasties, p. 12.
  3. Abul-Feda, p. 87. Jannab, p. 161.