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ABRÉGÉ

de ses compagnons[1]. » Après le départ d’Arwa, le prophète voulut envoyer Omar porter des paroles de paix aux idolâtres. Omar s’en excusa, en représentant que les ennemis avaient à lui reprocher des traitemens injurieux, des actes de violences, et qu’il craignait leur ressentiment. Il leur députa Othman, fils d’Asan, et il le chargea de leur assurer qu’il n’était point venu pour commettre des hostilités ; que ses intentions étaient pacifiques, et que le seul désir de visiter les lieux saints l’avait amené. Othman s’acquitta de sa commission. Ses propositions furent rejetées. « Pour vous, lui dit-on, il vous est libre de remplir ce devoir sacré, et de faire les circuits autour du temple. » « A Dieu ne plaise, répondit l’ambassadeur, que je m’en acquitte avant que l’apôtre de Dieu m’en ait donné l’exemple. » Irrités de cette réponse, les idolâtres saisirent Othman, et le chargèrent de fers. Cet attentat contre le droit des gens favorisait les desseins de Mahomet. Voulant mettre le bon droit de son côté et paraître juste, lors même qu’il écrasait ses ennemis, il fut charmé qu’ils lui offrissent le prétexte d’une vengeance légitime. C’était ce motif qui lui avait fait d’abord jeter les yeux sur Omar. Ne pouvant contenir sa joie, il s’écria : « Nous ne sortirons pas d’ici sans combattre[2]. » Ayant assemblé ses soldats, ils leur représenta l’injustice des idolâtres, qui les tenaient écartés du sanctuaire d’Abraham ; les traitemens indignes commis en la personne de son ambassadeur, et le peu de confiance que l’on devait avoir aux sermens d’un peuple violateur des droits les plus sacrés. À ce discours, le zèle des Musul-


  1. Pendant que l’armée campait à Hodaïbia, la sécheresse ayant tari toutes les sources, les soldats mourant de soif vinrent porter leurs plaintes au prophète. Il ordonna qu’on décochât une flèche au fond d’un puits. Le trait part et s’enfonce dans la vase. A l’instant on vit jaillir une source abondante qui fournit à tous les besoins. Jannab, p. 156.
  2. Abul-Feda, page 86.