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qu’à aujourd’hui contribuent elles aussi, à rendre plus sensible cette universelle présence de la mort. Les unes amènent les fidèles devant le charnier du cimetière, d’autres les conduisent par les nuits froides de novembre dans les chemins creux où bruissent les essaims légers des âmes, et les chants qui sont alors chantés sont empreints d’une indicible et tragique tristesse, la complainte de l’Anaon surtout, cette supplication douloureuse que l’on vient gémir aux portes des maisons. Il semble qu’il doive toujours vibrer comme un écho lointain de ces chants des morts dans l’âme de ceux qui du fond des lits clos les ont entendus en frémissant, dans l’âme surtout de ceux qui les ont chantés parmi les terreurs des nuits de novembre. Les cérémonies secrètes, les cérémonies que désavoue maintenant l’Église, la messe de trentaine, cette sorte de messe magique, qui, paraît-il, se célébrait encore il y a un demi-siècle dans la chapelle que saint Hervé possède au sommet du Ménez-Bré, sont elles aussi des cérémonies célébrées pour les morts. Ce ne sont point, comme en d’autres pays, des démons que l’on exorcise, mais des morts que l’on conjure. C’est contre les damnés que les prêtres ont à lutter, et le chien noir sur lequel ils jettent leur étole pour délivrer les vivants de sa présence mau-