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vent des signes qui restent cachés aux yeux de ceux qu’absorbent les soucis de ce monde. C’est le bruit que font autour de nous les gens et les bêtes qui éteint pour nous ces voix légères qui viennent du pays des morts ; si nous n’étions pas pris tout entiers par nos affaires et nos plaisirs, nous saurions presque tout ce qui arrive de l’autre côté de la tombe.

Mais il est certain cependant que certaines gens sont mieux doués que les autres ; s’il doit y avoir dans la région qu’ils habitent une veillée mortuaire, ils en sont aussitôt informés. Un vieillard des environs de Quimper était toujours averti lorsque quelqu’un de ses voisins allait mourir, par les coups que donnait son penn-baz contre la muraille où il était accroché.

Il ne faut pas croire au reste que les gens qui nient qu’il y ait des intersignes, aient été plus que les autres privés de ces avertissements, mais ils craignent ces choses d’épouvante (traou-spont), et ne veulent rien voir ni rien entendre de l’autre vie. Beaucoup de Bretons ont comme un recul involontaire devant ce monde mystérieux qui les environne de toute part, si étrangement mêlé au monde réel ; les choses de la mort ont pour eux un invincible attrait et en même temps ils les fuient, comme poussés par une instinctive et toute-puissante ter-