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point de la race des hommes, mais que l’imagination populaire devait aisément confondre avec les morts. Ces morts heureux ou malheureux n’ont point tardé sans doute à devenir les damnés et les élus, les lieux qu’ils habitaient le paradis et l’enfer, et plus tard les conteurs ont dû être entraînés par le besoin d’être complets à ajouter à l’enfer et au paradis, le purgatoire. Dans les versions primitives des contes il s’agissait sans doute d’êtres qu’il fallait délivrer des charmes qui les tenaient captifs ; ces êtres sont devenus des âmes que Dieu a condamnées à une pénitence à laquelle peut seule mettre fin une action que doit accomplir le héros. Il est au reste un grand nombre des régions qu’il traverse dans son voyage à travers le monde surnaturel qu’il est impossible de situer dans le purgatoire, le paradis ou l’enfer. Mais tandis que ces éléments préchrétiens ont survécu dans certaines variantes, ils ont disparu en certaines autres, où seul s’est conservé ce qui semblait essentiel, le voyage au paradis ou en enfer. Cette transformation a dû s’accomplir d’autant plus aisément qu’il s’est créé de toutes pièces des légendes relativement récentes sur des thèmes analogues (L’Homme à la quittance), qui ont exercé sans doute une influence profonde sur les formes anciennes.