Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

thologiques étrangères au christianisme et qui certainement lui sont de beaucoup antérieures[1]. Nous reviendrons un peu plus loin sur les contes qui relèvent de ce type.

Si l’intérêt des conteurs de légendes s’est tout spécialement porté en Basse-Bretagne sur les voyages en paradis et en enfer et s’il s’est écarté au contraire des voyages en purgatoire, c’est que l’on est déjà très largement renseigné sur le purgatoire par d’autres moyens, tandis que l’on n’a que de bien rares nouvelles de l’enfer ou du paradis. Les âmes errantes, les âmes qui hantent les maisons et les landes et avec qui s’entretiennent les vivants, ce sont toutes ou presque toutes des âmes souffrantes qui n’ont pas encore achevé la pénitence que leur avaient méritée leurs péchés.

Les damnés sont à jamais perdus ; une fois enfermés dans l’enfer avec les démons, on n’entend plus parler d’eux. Les revenants, si méchants qu’ils puissent être, ne sont point d’ordinaire des damnés, ce sont des âmes en peine. Une âme parfois s’échappe un instant des flammes de l’enfer pour dire à ceux qui prient pour elle de ne plus prier, car chaque prière augmente encore ses tortures.

  1. V. E.-B. Tylor, La civilisation primitive, t. II, ch. XIII.