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    apporte, et aussi quels éléments nouveaux elle fait entrer dans ces combinaisons. C’est par de semblables rapprochements qu’il sera possible, à la longue, de déterminer ce qui est essentiellement le propre d’une race, d’un milieu, d’un pays.

    Le petit volume que j’ai sous les yeux, en écrivant ce résumé, contient, outre l’Histoire de Jean de Calais, nombre d’autres romans d’amour et d’aventures, tels que l’Histoire de Pierre de Provence et de la Belle Maguelonne, celle de Richard sans Peur fils de Robert le Diable, le roman de Jean de Paris, le Jardin d’Amour, etc.. Il sort de l’imprimerie de J.-M. Corne, à Toulouse, et ne porte pas indication de date.

    Un des principaux négociants de Calais avait un fils unique qu’il fit élever en vue d’en faire un maître dans l’art de naviguer et pour qui il équipa un vaisseau destiné à « nettoyer la côte d’un nombre infini de corsaires ». Jean de Calais battit ces « voleurs de mer » en plusieurs rencontres et se concilia ainsi l’estime et la reconnaissance de tous ses concitoyens. On n’attendait que son retour pour lui décerner les plus grands honneurs, lorsqu’un orage le jeta dans des parages inconnus. Son flair le conduisit à une île qu’il fut surpris de trouver habitée. C’était le pays d’Orimanie, dont la capitale avait nom Palmanie (de là peut-être l’arbre de palmes, eur wéenn balmès, dont parle la légende bretonne). Dans cette île, Jean de Calais voit livrer un mort en pâture à des chiens, pour n’avoir pas de son vivant acquitté ses dettes. Il les paie lui-même et le fait ensevelir. Un soir qu’il se retire à son bord, il aperçoit sur le pont d’un vaisseau mouillé près du sien deux femmes qui fondaient en pleurs. Il apprend que ce sont deux esclaves, appartenant à un capitaine corsaire, et qu’on doit les vendre le lendemain. Il les achète. La beauté de l’une d’elles « frappe Jean de Calais d’un trait qu’il ne peut parer ». Ici, deux pages de sentimentalités, dans le goût des romans de chevalerie. La jeune esclave, qui n’est autre qu’une princesse déguisée, se laisse toucher, et répond à l’amour du galant aventurier, malgré les remontrances de sa suivante, Isabelle. On arrive à Calais où le héros reçoit grand accueil. Jean confesse à son père sa vive affection pour Constance (ainsi se nomme la princesse). Désapprobation du père qui ne veut pas d’une esclave pour bru. Jean de Calais n’en épouse pas moins sa belle, qui, au bout