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Jean Carré fit faire l’enterrement, suivant les usages du pays, et en régla tous les frais. Puis il commanda aux tailleurs de pierre les plus renommés une tombe magnifique sur laquelle furent inscrits le nom du mort et le sien.

Le roi, un peu inquiet, lui dit :

— Nous pourrions peut-être nous en retourner maintenant du côté de Londres ?

— Ma foi, oui ! répondit Jean Carré. Ce que nous venons de voir ici ne m’engage nullement à poursuivre.

Ils rebroussèrent chemin.

De retour à Londres, Jean Carré annonça à ses beaux-parents qu’il commençait à trouver le temps long, depuis si longtemps qu’il n’avait vu sa femme. Il avait grande hâte aussi de rentrer à bord de la Barbaïka.

— Vous partirez, lui dit le roi, mais non sur le navire qui vous a amené. Rappelez-vous que vous êtes mon gendre. Le gendre du roi d’Angleterre ne saurait voyager sur un navire de trois cents tonneaux, comme un simple maître au cabotage. Je vais donner l’ordre à mon escadre de se tenir prête. Elle sera toute à votre disposition. L’amiral en chef lui-même ne sera vis-à-vis de vous que comme un matelot par rapport à son capitaine.

Aux yeux de Jean Carré, toute l’escadre du roi d’Angleterre, avec ou sans amiral, ne valait point la Barbaïka. Mais, au moment de quitter beau-père et belle-mère, il ne voulut pas leur causer de chagrin.

Il s’embarqua donc sur le vaisseau-amiral.

De quoi il eut à se repentir amèrement.