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faut que vous le fassiez maintenant. Je ne serai sauvé qu’à ce prix.

— S’il le faut pour ton salut, soit ! dit Grida Lenn.

Elle se mit à le fouetter, mais si doucement qu’elle effleurait à peine le cadavre.

— Plus fort ! plus fort ! cria celui-ci.

Elle frappa plus rudement.

— Plus fort ! plus fort encore ! ou je suis perdu, perdu à tout jamais ! criait toujours Noëlik.

Elle frappa avec emportement, avec fureur. Le sang jaillissait du corps de son fils. Mais toujours Noëlik criait :

— Hardi ! ma mère ! Encore donc ! Encore !

Sur ces entrefaites, les douze coups de minuit achevèrent de sonner à l’horloge de la tour.

— C’est fini, pour ce soir, dit le mort à Grida, mais si vous tenez à moi, vous reviendrez demain à la même heure.

Et il disparut dans la tombe qui se referma sur lui.

Grida s’en retourna chez elle, en compagnie du recteur. Pendant le trajet, celui-ci demanda :

— N’avez-vous rien remarqué de particulier ?

— Si, dit-elle. Il m’a semblé que le corps de Noëlik devenait plus blanc, à mesure que je le battais davantage.

— C’est bien cela, dit le recteur.

Il ajouta :

— Maintenant que je vous ai mise en rapport avec votre fils, vous pouvez vous passer de mon ministère. Tâchez seulement d’avoir la force d’aller jusqu’au bout.