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à la mer pour que l’esprit du mort puisse, s’il le veut, aller se baigner[1]. Les missionnaires anglais aux Nouvelles-Hébrides s’étaient attiré de graves difficultés avec les indigènes pour avoir barré le chemin des natmases (esprits)[2]. De même en Bretagne il serait dangereux de détruire ces sentes sacrées où défilent silencieusement les lentes processions des âmes. On courrait risquer d’attirer sur soi quelque vengeance.

Une croyance très habituelle, c’est que les âmes ne partent pas pour un autre monde, immédiatement après la mort, mais que celles mêmes qui sont destinées à s’éloigner, demeurent quelque temps au voisinage des lieux où ont vécu les corps qu’elles animaient et qu’elles se réunissent ensuite en un coin de grève ou de forêt d’où elles partent, toutes ensemble, pour le long voyage qu’elles entreprennent vers le séjour lointain des morts, situé sous la terre ou les eaux[3]. Il n’est guère d’île en Océanie, dans les archipels mélanésiens ou polynésiens[4], où il n’y

  1. Encyclopædia Britannica, verb. New Guinea
  2. A. W. Murray, Missions in Western Polynésia, p. 37.
  3. Voir, par exemple, pour l’archipel Banks, Codrington, loc. cit. Cf. de Rochas, La Nouvelle-Calédonie et ses habitants, p. 280 ; Vieillard et A. Deplanche, Essai sur la Nouvelle-Calédonie, 1863, p. 24.
  4. G. Turner, Samoa, p. 257.