Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment de la catastrophe. Les vieilles qui filaient continuent de filer. Les marchands de drap continuent de vendre la même pièce d’étoffe aux mêmes acheteurs… Et cela durera ainsi jusqu’à ce que la ville ressuscite et que ses habitants soient délivrés.

Un patron de barque et son mousse étaient allés tous deux à la pêche. À mi-chemin de la côte aux Sept-Îles, ils jetèrent l’ancre. Il faisait si chaud qu’au bout d’une heure le patron s’endormit.

C’était le moment du reflux.

La mer baissa tellement que la barque finit par se trouver à sec.

Grande fut la surprise du mousse en voyant tout à l’entour non pas des goémons, mais un champ de petits pois. Il laissa dormir le patron, sauta à terre et se mit à cueillir le plus qu’il put de cosses vertes. Il en emplit la barque.

Quand le patron se réveilla, la mer avait monté. Il fut tout étonné de voir la barque pleine de petits pois et le mousse qui s’en régalait.

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda-t-il en se frottant les yeux, persuadé qu’il avait la berlue.

L’enfant conta la chose.

Le patron comprit alors qu’ils avaient mouillé dans la banlieue de Ker-Is, là où les maraîchers de la grande ville avaient autrefois leurs cultures.


(Conté par Jeanne-Marie Bénard. — Port-Blanc.)
_______