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qu’elle s’en échappe et conduit Ludo le domestique jusque vers un arbre à demi desséché, elle s’y glisse par une fente de l’écorce et Ludo voit aussitôt lui apparaître son maître. Dans une autre légende qui appartient à la même région, l’âme c’est un moucheron qui sort de la bouche du mourant et se met à voleter par la chambre ; comme la souris, il se pose sur le cadavre, se laisse enfermer dans le cercueil et bientôt s’en échappe pour s’aller poser sur un buisson d’ajoncs où il doit demeurer cinq cents ans en expiation de ses péchés. Quelques instants après la mort, l’âme retourne sur le corps dont elle s’est séparée et elle reste là pendant toute la durée de l’enterrement. En général, seul le prêtre qui célèbre les funérailles réussit à la voir, mais il est cependant quelques personnes qui ont reçu ce don. Il est prudent de ne pas balayer le parquet, de ne pas épousseter les meubles, de ne jeter dehors aucune poussière ni balayure, tant que le cadavre n’est point sorti de la maison ; on risquerait de jeter dehors, du même coup, l’âme qui vient de le quitter. S’il y a dans la chambre un vase plein d’eau ou de cidre, il faut le couvrir, l’âme s’y pourrait noyer. Elle ne se noie point dans du lait ; elle vient boire, au contraire, aux jattes pleines et y puiser une force nouvelle.