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plissent leur véritable caractère ; en raison du moment de l’année où on les accomplit et de leur étroite liaison avec les rites du culte catholique, ils en sont venus à les mal distinguer des pratiques d’origine toute différente dont la rigoureuse observance est imposée par l’Église. C’est ainsi, par exemple, qu’à deux époques de l’année on rend aux morts un culte, véritable culte d’adoration qui nous reporte bien en arrière, je ne dis point seulement du christianisme, mais du paganisme romano-hellénique de l’époque impériale et probablement même des cultes druidiques, et, cependant, comme ces deux époques de l’année, c’est la Saint-Jean et la Toussaint, les Bretons s’imaginent de très bonne foi que les cérémonies qu’ils accomplissent pendant les nuits claires de la Saint-Jean d’été autour des bûchers d’ajoncs pétillants, ou dans la chaumière close que bat le vent sinistre du mois noir, sont des cérémonies chrétiennes ; leur conscience de bons catholiques leur ferait sans doute des reproches, s’ils n’avaient pas, pendant la nuit de la Saint-Jean, récité des grâces autour du tantad enflammé, ou si, le soir de la Toussaint, ils n’avaient point laissé sur la table de la cuisine des crêpes chaudes et du cidre.

Il ne semble pas, au reste, que le clergé soit entré ouvertement en lutte avec ces cérémonies