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mais parce que, en elles-mêmes, directement, elles sont dangereuses : c’est ainsi qu’il faut se garder durant la nuit de Noël d’aller écouter les conversations des ossements dans le charnier ou des bêtes à l’étable, on ne les entend point sans mourir. Bien souvent aussi, ce n’est point par la protection de Dieu que l’on se tire de quelque péril surnaturel, mais par quelque artifice magique. On n’a rien à redouter des morts quand on s’en va la nuit par les chemins déserts, si l’on porte sur soi quelqu’un de ses instruments de travail, aiguille, pelle ou truelle. Les rôdeurs sinistres de la nuit ne peuvent rien contre vous, si vous portez dans vos bras un petit enfant qui n’a pas encore reçu le baptême.

Toutes ces superstitions sont encore enracinées au cœur de la plupart des paysans et des marins, et il en est beaucoup qui passeront sans grand remords au cabaret le temps des offices et qui blasphémeront Dieu sans trop craindre qu’il les frappe, mais qui seront affolés de terreur s’ils s’aperçoivent qu’un dimanche à la messe on a glissé dans leur poche, sans qu’ils l’aient vu, une pièce de deux liards percée d’un trou.

Quelques-unes de ces cérémonies ont entièrement perdu aux yeux mêmes de ceux qui les accom-