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Il est peut-être même inexact de parler ici de symboles ; beaucoup de gens attribuent encore, en effet, à certaines de ces cérémonies une efficacité réelle ; elles ont, à vrai dire, un caractère magique ; ce ne sont pas des prières en actes destinées à forcer en quelque sorte l’attention de Dieu et à l’obliger à abaisser ses yeux vers la terre, mais des procédés pour contraindre sa volonté ou celle du diable ou bien encore celle des morts. La plupart du temps, et c’est en cela surtout que ces populations bretonnes ne sont encore qu’à demi chrétiennes, Dieu n’a pas besoin d’intervenir pour que la cérémonie produise l’effet que l’on attend d’elle. Avec son Agrippa un prêtre évoque les démons et les fait rentrer dans l’enfer, devine les secrets de l’avenir, et découvre le sort des âmes dans l’autre vie, sans que Dieu lui vienne en aide ni lui révèle rien de ses décrets éternels. Il a puissance sur le monde des esprits et cette puissance, ce n’est pas Dieu qui la lui donne, ni le démon, c’est la force des paroles qui sont contenues dans son livre mystérieux, de ces paroles écrites en lettres sanglantes qui n’apparaissent sur le papier noir qu’aux yeux des seuls initiés.

Certaines actions sont interdites, non pas parce qu’elles attireraient sur vous un châtiment divin,