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ter au cimetière le linceul blanc dont ils auraient privé le cadavre. Une inconnue propose un soir à une laveuse attardée de l’aider à laver son linge ; lorsqu’elle rentrera dans son étroite maison, son mari la gourmandera de son imprudence, si elle a accepté l’offre dangereuse que lui faisait l’inconnue ; c’était sans doute une maouès-noz, une laveuse de nuit ; la femme bientôt n’en doute plus, elle clôt sa porte en hâte, elle retourne le balai, elle suspend le trépied, elle jette sur le sol l’eau où elle s’est lavé les pieds et quand un grand coup s’abat sur la porte, c’est, elle en est bien sûre, la mauvaise visiteuse qui vient réclamer le prix funeste de ses services. Ainsi se passent les choses dans la légende, ainsi se passent-elles dans la vie réelle. Toutes ces histoires que content les Bretons aux veillées, non seulement ils les croient mais ils les vivent.

Aujourd’hui encore la vie bretonne est toute remplie d’usages qui paraissent étranges parce qu’ailleurs ils ont péri, mais qui étaient naguère des usages universels. Il est peu de circonstances de la vie qui ne soient marquées par quelque cérémonie symbolique qui a revêtu maintenant des apparences chrétiennes, mais qui porte les marques indéniables de manières de sentir et de penser bien antérieures au christianisme.