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a-t-il rien en elles de factice ni d’apprêté. Ces événements surnaturels sont contés avec la même simplicité, la même bonne foi naïve que les aventures des marins à Terre-Neuve ou en Islande, et si tous ces récits sont empreints cependant d’une sorte d’horreur tragique, c’est que les conteurs ont fait, sans presque le chercher, passer dans leur parole un peu de la terreur qui les courbait vers les cailloux du chemin lorsqu’ils entendaient gémir par les bruyères le buguel-noz, le petit enfant de la nuit, ou qu’ils voyaient passer dans les sillons des vagues la lente procession des noyés blêmes. La terreur des morts, le sentiment aussi de leur continuelle présence, c’est là ce qui se dégage le plus nettement de tout cet ensemble de légendes et d’anecdotes ; rien là qui ressemble aux paraboles et aux exemples qui émaillaient les sermons du moyen âge et qui remplissent encore les livres de piété. Il est fort rare que l’on trouve quelque conseil moral, quelque exhortation à la piété ou à l’observance de la loi divine au cours de ces récits, qui parfois sont fort longs ; ce que l’on vous signale, ce sont bien plutôt des dangers à éviter que des fautes. Ce n’est pas tant contre des tentations qu’il faut nous tenir en garde que contre des périls surnaturels ; lorsque le héros de la lé-