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XX

Le chemin de la mort


Autrefois, pour se rendre au bourg des fermes situées en pleine campagne, il n’y avait que de mauvais petits chemins qu’on appelait des garennes.

C’est par là que les gens allaient à la messe, le dimanche, par là aussi que les morts allaient au cimetière.

En hiver, quand ces chemins étaient défoncés par les pluies, on prenait par le champ voisin pour franchir le mauvais pas.

De là tant de sentiers longeant les vieilles routes, dans la campagne bretonne, et paraissant faire avec elles double emploi. De là tant d’échaliers aux marches de pierre, encastrés dans les talus, pour en permettre ou pour en faciliter le passage.

Plus tard, on construisit des routes meilleures, et les anciennes furent abandonnées des vivants. Mais les morts, c’est-à-dire les convois funèbres, continuèrent d’y passer. On eût cru commettre un sacrilège, en conduisant un homme à sa dernière demeure par une autre voie que celle où l’avaient précédé ses père, grand-père, vieux-père (bisaïeul), doux-père (trisaïeul) et tous ses aïeux, de temps immémorial.

Ces chemins, désormais fréquentés par les seuls